[Commune de L'Isle-d'Abeau (Isère)]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPT2918 10
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 24 x 18 cm (épr.)
historique On ne se sent ni à la campagne ni vraiment en ville. La ville nouvelle de l'Isle d'Abeau, cinq communes réunies en 1972, est une cité hybride. Une cité faite de cinq communes, puis de quartiers, comme autant de petits morceaux complètement disparates. "C'est un principe, explique-t-on à l'Epida (Etablissement public d'aménagement de l'Isle d'Abeau). Nous voulons développer des quartiers autonomes de 1000 à 1500 habitants et multiplier les centres, éviter de créer des banlieues, afin que personne ne soit à l'écart". Vaulx-Milieu comme Four ressemblent à ces petits villages, qui jalonnent cette campagne dauphinoise, construits entre vallées et collines. A Villefontaine, on se sent déjà dans une bourgade de 20.000 habitants, de plus en plus urbaine. Le développement ralentit et l'on s'attache à améliorer le quotidien en créant ici un cinéma - qui, paradoxe, manque encore à cette ville nouvelle - et en multipliant les commerces. Et puis il y a l'Isle d'Abeau, en plein boom, peut-être la plus hybride de toutes. Avec des barres à l'architecture belle, moderne, mais très froide, des îlots de petites villas. accrochées les unes aux autres, avec des balançoires vertes dans les jardinets, des maisons de pierre autour du Bourg, un centre commercial où se concentre la vie des cinq communes et le quartier de la gare, vide, en bordure de nationale avec l'édifice ultramoderne articulé de tiges de fer et de couleurs. Entre chaque zone habitée, la distance. "Si on n'a pas de voiture, c'est galère, explique un jeune homme qui est né ici. Le réseau bus, c'est pas encore ça". Toutes les personnes interrogées sont d'accord avec lui. Certaines aiment leur ville, d'autres pas. Certaines sont ici "en transit", d'autres ne veulent la quitter "pour rien au monde". Quelles que soient les idées reçues, l'Isle d'Abeau est une ville "qui marche". Et ne cesse de croître. Depuis l'arrivée des premiers habitants, venus s'installer entre 1973 et 1975, la ville a connu un essor considérable qui, [en 1992], a tendance à stagner. Mais le nombre d'habitants continue de grimper doucement. Et les nouvelles constructions se poursuivent. Même si l'on observe un vieillissement de la population, explique-t-on à l'Epida, la ville reste jeune, chiffres à l'appui. Autre paradoxe, l'Isle d'Abeau souffre de cette jeunesse. "Nos adolescents sont désoeuvrés. Il n'y a rien pour eux, confient deux mères de famille. Ils vont bientôt créer une piscine ici à l'Isle, puis un cinéma. Ça manquait". Heureusement, les lycées et groupes scolaires occupent une bonne partie de l'année, restent les vacances et la sortie des écoles... "Il y a eu de la casse", raconte une dame du quartier des Chardonnerets. En revanche, pour les plus petits, c'est un paradis. En se baladant dans le Bourg, les mamans avec poussette se bousculent entre la poste et la boulangerie. "On habitait Décines. En se promenant le dimanche, on est tombés sur l'Isle d'Abeau. Cela nous a immédiatement conquis. On adore faire du vélo et il y a beaucoup de sentiers. Le seul inconvénient : mon mari travaille à Villeurbanne. Les trajets sont pénibles. Aussi s'est-il arrangé avec un voisin. Ils prennent une seule voiture et partagent les frais". Cette jeune femme d'une trentaine d'années, avec deux enfants en bas âge, adhère totalement au portrait brossé par les responsables marketing-logement de l'Epida. "La population est assez moderne, avec un comportement précurseur, souligne Jean Charte. "Un trait de caractère qui se résume en trois points. Premièrement, le travail à domicile s'est énormément développé. Deuxièmement, les gens ont un très bon rapport ville-nature. Nous avons un nombre d'associations dites écologistes remarquable. Elles sont très actives et ont réussi à faire classer des étangs qui étaient en zones urbanisables. Enfin et troisièmement, on observe un recentrage sur le foyer très actuel, ce qu'on appelle aussi le cocooning". Pour cette population, très proche de son environnement, le réseau des transports laisse encore à désirer. [En 1991] s'est ouverte une desserte Laser, "un réseau SNCF cadencé, type RER, avec des trains tous les quarts d'heure en direction de Lyon ou de Bourgoin", desservi par trois gares. Au fil des aménagements lyonnais, c'est-à-dire la création de la gare de métro de Vénissieux. des raccords seront faits. Mais ce n'est pas encore pour demain... "C'est un vrai trou perdu, sans réseau de transports convenable. Il n'y a pas de petites boutiques, simplement ce centre commercial. Mon mari est venu ici pour travailler. Mais dès que nous le pourrons, nous repartirons pour Perpignan. Et puis culturellement, c'est mort". Les paradoxes perdurent à l'Isle d'Abeau. Et cette Parisienne qui s'est installée ici voici quinze ans pour ne plus repartir s'oppose : "Ici, je me suis tout de suite sentie très bien. La capitale ne me manque pas. J'aime cette harmonie entre nature et ville. Côté culture, il y a Lyon ou Bourgoin. Sinon, à l'Isle d'Abeau, ils se défoncent vraiment. Nous avons une salle où passent régulièrement de bons spectacles. C'est dommage, nous ne sommes pas assez nombreux". En tous les cas, personne n'est indifférent. Source : "La cité des paradoxes" / Nathalie Blanc in Lyon Figaro, 6 janvier 1992, p.1-2.
note à l'exemplaire Négatif(s) sous la cote : FIGRP04831.
note bibliographique "L'Isle d'Abeau en pleine crise d'ado" / Catherine Lagrange in Lyon Figaro, 6 janvier 1992, p.3.

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